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Onilatkovoïa Mora = La Mer des Rêves
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28 avril 2007

Libérer l'IUT...

Le soleil rouge se levait à peine quand Eugénie et Kamille arrivèrent en haut de la côte. Reims s’étalait droit devant, dans la brume. Comme d’habitude, les embouteillages du matin ralentissaient la voiture des jumelles. Pourtant, pas d’insulte abominable : c’était Eugénie au volant, pas Kamille.

Jusqu’à l’IUT où elles se rendaient comme tous les jours, elles virent des comportements étranges : beaucoup rebroussaient chemin, l’air paniqué. Prudemment, Eugénie dirigeait la voiture. Kamille ne pouvait s’empêcher de râler : c’était quoi, tout ce bordel ?

Enfin, elles eurent leur réponse lorsqu’elles arrivèrent à l’IUT. Un cataclysme s’était produit, suivi d’une faille spatio-temporelle descendante. La zone Farman avait laissé place à l’Océan depuis l’entrée des jumelles au début de l’année à l’IUT (tout s’était passé en douceur). Mais là, c’était la catastrophe : des nazis, avec à leur tête Barbie et Mengele, avaient envahi l’IUT !!! Dans une atmosphère pesante, Eugénie gara la voiture au parking « grand Z ». Des SS demandaient les cartes d’étudiants et d’identité à tout le monde. Les deux jeunes filles hésitèrent : repartir aussitôt ? S’enfuir vers l’Océan ? Non ! Pas question de laisser cette bande de nazis s’emparer de l’IUT, ni surtout de la fameuse chose ramassée la semaine dernière, qui dormait tranquillement dans le bâtiment K. Elles se dirigèrent donc vers le SS qui se tenait en haut des marches, leurs papiers à la main.

« On le pousse dans l’escalier ? » dit Kamille, un sourire en coin. Eugénie se marra, et elles décidèrent finalement de ne pas déclencher les hostilités tout de suite.

Les années spéciales GEA étaient regroupés en bas du bâtiment D. Florent Roméro, tendu, attendaient que tout le monde soit là pour délivrer les informations. Une fois les jumelles arrivées, il commença :

« Comme vous l’avez constaté, nous avons quelques soucis : nous ne sommes plus seuls dans l’IUT. Nous devons partager les locaux avec des…comment dire…des gens peu recommandables. Surtout, ne vous mettez pas dans une situation telle qu’ils pourraient vous faire du mal (son regard se posa plus particulièrement sur Kamille et Eugénie, qui tournaient leurs yeux vers la mer). Surtout qu’ils savent que quelque chose d’important a été récupéré la semaine dernière. C’est ce qui est gardé au bâtiment K…ou était gardé, plutôt. C’est maintenant en T 22… Non, n’essayez pas de mettre la main dessus, de toute manière c’est inutile, personne ne sait à quoi sert cet œuf au cœur qui bat (les jumelles s’échangèrent un regard : un œuf ? Avec un cœur qui bat ? Nul doute possible : cela voulait dire… Elle. Il fallait à tout prix récupérer cet œuf). Les accès aux bâtiments sont restreints : les bâtiments U, T et Z sont réservés à … eux. Vous devrez aussi partager la cafèt avec (« On boycottera ! » souffla Kamille). Voilà… mais surtout, je vous le répète, ne vous mettez pas en danger, et n’essayez pas de voir l’œuf. »

Mais quelque chose clochait. Des nazis s’approchaient de Romero, leurs armes dehors. L’un d’eux déclara : « vous en avez trop dit sur l’œuf… veuillez nous suivre. » La surprise et l’inquiétude passèrent dans le regard du prof, qui se faisait emmener. Eugénie lança bien fort :

« Mi hermana y yo, vamos a coger el huevo porque sabemos que es, y vamos a desencarcer usted. 

— Pero es peligroso… 

— Nos gusta el peligro… y queremos el huevo[1]… » 

Les années spéciales se rendirent dans la salle D223 en silence, puis se fut le déferlement de questions. Qu’allaient-ils faire de Romero ? Qu’avait donc dit Eugénie ? Qu’était donc cet œuf ? De leur côté, les jumelles complotaient : comment s’emparer de l’œuf ? Sans bruit, elles éclipsèrent et sortirent sur la petite terrasse : de là, on voyait bien les bâtiments U et T. Des cris en sortaient. Des cris de rage. Les nazis devaient essayer d’ouvrir l’œuf, sans succès. Elles n’avaient pas le choix : il fallait y aller. En douce ou de manière tapageuse ? Ou les deux, peut-être… Toutes deux à leurs réflexions, elles n’avaient pas vu Ramiro Pez et Ryan Jones monter les escaliers, et les bousculèrent alors qu’elles reculaient brusquement.

« Que se passe-t-il, ici ? On devait venir aujourd’hui pour une conférence, mais personne ne s’occupe de nous. C’est comme si c’était annulé, mais personne ne nous dit quoi que ce soit ! »

— Disons qu’il y a un énorme imprévu : voyez en face.

— Eux… Mais qu’est-ce qu’ils font là, maintenant, en 2007 ?

— Il y a sans doute eu un accident spatio-temporel, genre faille, ou truc dans le genre.

— Descendons voir ce qu’il en est à l’administration, si elle est encore libre.

— Je me demande bien ce qui a pu provoquer cette faille…

— Il y a peut-être eu une mauvaise manipulation…»

Cependant, pas le temps de s’interroger davantage. Alors que les jumelles et les rugbymen se dirigeaient vers l’administration, les SS les encerclèrent.

« Hè ! cria Kamille. On n’est pas hors zone, là !

— Vous avez volé l’objet, répliqua l’un des nazis, pointant une mitraillette sur le sac de Ryan.

— Mais… c’est un ballon de rugby, je suis rugbyman, rétorqua Ryan.

— Ne vous foutez pas de notre gueule ! Suivez nous vers le bâtiment T. »

C’en était trop pour les jumelles. D’abord Roméro, maintenant Ryan… Elles ne laisseraient pas les choses de passer ainsi. N’étaient-elles pas Céruléennes Anthropouliennes ? Ne pouvaient-elles pas générer des armes de leurs mains ? Un simple regard suffit, et tout alla très vite. Eugénie et Kamille se tournèrent l’une vers l’autre, le bras gauche replié contre elles et la main gauche ouverte, et sortirent chacune de la main de l’autre une épée aquatique acérée. Puis se fut la bataille. Ryan et Ramiro se défendaient avec leurs poings, pendant qu’Eugénie et Kamille jouaient les espadons. Par une fenêtre ouverte du bâtiment U, Barbie et Mengele surveillaient la scène. Ce dernier souffla à son comparse « j’aimerais bien leur mettre la main dessus pour les disséquer, celles-là », phrase qui tomba dans l’oreille de Kamille, qui lança immédiatement son épée façon javelot vers ladite fenêtre (malheureusement, l’épée passa juste au milieu des deux hommes pour se planter en plein milieu de la pièce, faisant trembler les murs). Mais Kamille était désarmée. Eugénie, toute occupée à se battre, tendit négligemment son bras gauche en arrière pour que sa sœur puisse en retirer une nouvelle arme, mais aussitôt s’écroula, assommée par derrière. Ryan la rattrapa dans ses bras, et la protégea, pendant que Kamille enrageait « jamais vous n’auriez eu l’audace de l’affronter de face, espèces de lâches ! » Mais elle vit Eugénie lui faire un clin d’œil, avant de faire semblant d’être assommée. Un plan ? C’était risqué, mais bon, en général, Eugénie réfléchissait toujours avant d’agir. Peut-être avait-elle trouvé un moyen de s’emparer de l’œuf… Elle laissa donc les nazis ramasser Eugénie et Ryan et les emmener dans le bâtiment U, tout en hurlant des obscénités, le poing levé, tandis que Ramiro l’entraînait vers le bâtiment D.

***********

Eugénie et Ryan étaient enfermés en bas du bâtiment U, dans une salle réservée en temps habituel aux devoirs. Tandis que Ryan faisait les cent pas, nerveux, Eugénie chantait paisiblement en okéani. Par la fenêtre, on voyait les vagues s’agiter doucement. Si elle pouvait ne serait-ce qu’effleurer l’œuf, tout serait presque réglé. Elle ou Kamille. Pour le moment, il fallait « méduser », comme on disait chez les Anthropouliens. Mais d’abord lancer l’appel à l’aide au monde de l’océan. Elle s’approchait de la fenêtre quand la porte s’ouvrit à toute volée, et deux nazis s’emparèrent d’elle. Premier étage, deuxième étage, troisième étage… Pourvu que la fenêtre soit ouverte !… Ils la laissèrent en U33. Elle remarqua un trou dans le sol, précisément là où l’épée de Kamille avait atterri, et s’y avança. Toutes les fenêtres étaient fermées, sauf une, mais elle ne donnait pas sur la mer : il faudrait juste chanter plus fort, mais c’était bon.

« Où est l’œuf ? » demanda-t-elle à l’homme qui se tenait de dos (si elle n’avait pas appris à se battre loyalement selon les règles de la taïga, elle aurait tué cet homme aussitôt, mais on n’attaque jamais quelqu’un de dos : ce serait s’abaisser à un tel niveau de lâcheté !). L’homme se retourna : c’était Barbie.

« Kamille, dit-il, l’air satisfait.

— Ah, non, hein ! rugit Eugénie. Faudrait p’têtre pas confondre, là, hein ! Kamille, elle a un ruban rouge, du côté droit de la tête ! Moi, j’ai un ruban vert, du côté gauche. Non mais ! Szswgasza[2] ! »

Une vague s’éleva, plus haute que les autres, suite au dernier mot d’Eugénie. Les Céruléens avaient entendu l’appel à l’aide, et répondaient par cette vague en forme de trident. Souriant jusqu’aux oreilles, Eugénie poursuivit :

« Iéki Nami’ah koda szwbwlithta. Akwtchiszsa vlli[3].

— Je ne comprends rien à ce que tu dis, mais ce n’est pas comme ça que tu vas t’en sortir.

— La fenêtre est ouverte, l’œuf a disparu, l’appel est lancé : l’Océan va se mettre en colère… Anthropouliens et Thératouliens se rassemblent déjà sous le Trident de Bielouchka. Et on commence à entendre les mugissements de l’estomac du kraken… bonne bouffe en perspective, qu’il se dit… Je lui déconseille toutefois la cervelle.

— Fini de jouer, Eugénie ! s’énerva Barbie.

— Fini de jouer ? Eh bien dans ce cas, appelons cette bonne vieille Méduse ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait : Eugénie rejeta sa tête en arrière, les yeux fermés, leva les bras, et prononça les mots « elvaté akwszsi akwhatchi avatsé akttrlina szsa htchisz swm ! hrwk[4] ! ». Une étrange lumière turquoise illumina la pièce tandis qu’Eugénie se changeait en statue au regard terrifiant. Le sol craqua sous ses pieds, et elle traversa les étages pour se retrouver en bas, là où Ryan et Romero avaient été enfermés.

***********

Kamille avait entendu les mots céruléens. Elle savait ce qui s’était passé. C’était maintenant à elle de jouer : récupérer l’œuf, le porter à la mer, réveiller Nami’ah si besoin, et libérer l’IUT. Or, le seul moyen de voir l’œuf était de ruser… Elle fit part de son plan à Ramiro : c’était gonflé, mais ça valait le coup d’essayer. Tous deux se rendirent à la cafétéria, et Kamille annonça qu’elle voulait proposer un marché aux nazis. Ces derniers la conduisirent aussitôt dans les bâtiments réservés.

« Je suis venue proposer une alliance entre vous et les Céruléens, déclara-t-elle à Barbie et Mengele. Réfléchissez bien : la force de l’Océan… Le secret de l’œuf que vous essayez d’ouvrir depuis toute à l’heure sans succès…

— Intéressant…

— Mais il y a une condition : j’exige de voir l’œuf.

— Tu le verras. Signe d’abord ce traité ;

— Non, l’œuf d’abord : si ça se trouve, ce n’est même pas le vrai.

— D’accord, allons voir l’œuf. »

Le plan fonctionnait à merveille : elle allait enfin pouvoir se saisir de l’œuf. Mais il fallait en rajouter, pour assurer ses arrières.

« Je vous signale que je peux contrôler l’œuf à distance, et l’ouvrir pour libérer la chose qu’il y a dedans. Et à côté, la petite démonstration de toute à l’heure est un amusement pour les bébés !

— C’est ce qu’on a vu : la statue, le plancher…

— Ah, non, hein ! rugit Kamille. Faudrait p’têtre pas confondre, là, hein ! Eugénie, elle a un ruban vert, du côté gauche de la tête ! Moi, j’ai un ruban rouge, du côté droit. Non mais !

Enfin, on la fit entrer dans une pièce (ce n’était plus la T 22, mais une salle du bâtiment Z où elle n’était jamais allée auparavant). Et alors, elle le vit : l’œuf de Nami’ah était là, posé sur une table au milieu de la pièce ; des outils divers gisaient tout autour, tordus, fondus, cassés, témoins des tentatives infructueuses des SS pour l’ouvrir. Kamille eut un petit sourire en coin. Elle touchait au but.

« Bon, maintenant, signe.

— Non, je veux d’abord toucher l’œuf.

— Après la signature.

— Avant ! »

Comme elle écarquilla de manière menaçante ses yeux, les doigts tournés vers l’œuf, les nazis n’osèrent contrecarrer ses plans. Kamille s’approcha de l’œuf, tendit la main doucement, et l’effleura. L’œuf s’illumina, dans un son cristallin. Mission accomplie. Elle pouvait maintenant réellement contrôler l’œuf, l’ouvrir et réveiller Nami’ah.

Cependant, pressentant la ruse kamillévienne, les SS aboyèrent : « emparez-vous d’elle ! ». Aussitôt, Kamille s’empara de l’œuf, en tourna le haut d’un côté et le bas de l’autre. Un violent rayon de lumière en sortit, accompagné d’un sifflement strident. Kamille prit la parole.

« Je vous ai bien eus, non ? Non mais franchement : vous avez cru, même une seconde, que moi, j’allais m’allier à vous ? Vous êtes bien naïfs… Bon, maintenant, vous allez reculer bien gentiment et me laisser repartir sans me gêner. »

Les nazis n’osaient plus bouger. Kamille faisait vraiment peur, déjà en temps calme et sans l’œuf, mais là, énervée et surtout avec l’œuf, il valait vraiment mieux ne pas la contrarier. La jeune fille avançait, les mains toujours sur l’œuf, d’où une lumière dorée sortait pour la protéger comme un bouclier total. Alors qu’elle atteignait le seuil de la porte, elle fit volte-face et reprit :

« Oh, juste une chose : si vous touchez ne serait-ce que la pointe d’un cheveu de ma sœur, je vous étripe, je vous déchiquette, je vous hache en petits morceaux et je vous donne à bouffer aux gougeons ! Et c’est aussi valable pour toutes les personnes que vous avez pu emprisonner depuis votre arrivée ici. Compris ? Vamos a la playa, Nami’ah mia : todo pasó bien. La liberación está lista[5]

Ignorant complètement ses ennemis, Kamille descendit les escaliers, parlant doucement à l’œuf. Elle devait le mener vers la mer, lorsque trois vagues dessineraient toutes les trois un trident géant et une fleur d’écume. Mais pour le moment, direction la cafèt, pour se détendre et tout raconter à Ramiro. Ce dernier devait intervenir pour la suite des opérations.

***********

Anne-Cécile et Aurélie s’étaient beaucoup posé de questions depuis ce matin : pourquoi les nazis étaient-ils là ? Qu’allaient-ils faire de leur prof ? Où avaient bien pu passer Eugénie et Kamille ? Et quel était ce bruit lancinant, à peine perceptible, aigu, strident comme un cri ? Elles furent soulagées de voir Kamille à la cafétéria en compagnie de Ramiro Pez. Mais où était Eugénie ?

« Hé, les filles !, héla Kamille, par ici !

C’est qui, ce jeune homme ?

Tu nous présentes pas ?

Si, bien sûr, bien sûr : Aurélie et Anne-Cécile, avec moi en AS GEA ; Ramiro Pez, rugbyman italien.

Elle est où, ta sœur ?

Il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour elle, elle s’est médusée.

Hein ?

Quoi ?

C’est une particularité que même les Céruléens Tératouliens nous envient : la capacité de se transformer en statue. Rien ne peut lui arriver, tant qu’elle reste en statue. Et en plus, pendant tout le temps qu’elle y est, elle gagne de la force… J’en serais presque jalouse, lol !

C’est quoi, ce ballon de rugby décoré, là ?

Là ? Ce n’est pas un ballon de rugby, c’est l’œuf de… oh, mais j’ai une idée ! … Vous avez fait arts plastiques, vous deux, non ?

Euh, oui…

Vous allez m’aider à jouer un sale tour aux nazis ! Ramiro, passe-moi le ballon de Ryan. »

L’idée de Kamille était de peindre le ballon de rugby, de manière à ce qu’il ressemble à l’œuf. Les nazis croiraient ainsi que l’œuf est toujours sur la terre ferme, alors que Kamille l’aura déjà lancé dans la mer. Aurélie et Anne-Cécile se mirent donc à l’œuvre, déployant toute leur imagination pour faire ressembler le ballon à l’œuf. Ensuite, suivant les conseils de Kamille, elles regagnèrent la salle D 223, alors que Ramiro et Kamille se dirigèrent vers le bâtiment Z.

La mer s’agitait de plus en plus. Bielouchka devait ameuter tous les Céruléens des deux branches, et préparer le Monde de l’Océan à attaquer. Enfin, le moment tant attendu arriva : une première vague gigantesque s’éleva et dessina une fourche de trident et trois pétales de la fleur d’écume, puis une deuxième qui dessina la deuxième fourche et les trois autres pétales, et enfin une troisième, qui compléta le trident et dessina le cœur de la fleur. C’était le moment. Kamille et Ramiro passèrent devant le SS des escaliers, lorgnèrent vers les fenêtres du bâtiment U (où Kamille aperçut Eugénie), et traversèrent le parking qui bordait la mer.

Malheureusement, un comité d’accueil se dressait sur la plage. Impossible d’y aller, même avec les pouvoirs de l’œuf : comment auraient-ils fait, après avoir remis l’œuf à la mer ?

Kamille se tourna vers Ramiro. Il y avait une solution.

« Ramiro, tu dois envoyer l’œuf entre les poteaux !

Comment ça ?

L’œuf doit passer entre le trident et la fleur, plus haut que l’embranchement de la fourche et le cœur de la fleur. C’est la barre transversale. Tu peux le faire, je le sais ! »

Ramiro, quelque peu déconcerté, prit l’œuf, le posa délicatement à terre à la façon d’un ballon de rugby, fit quelques pas en arrière, et se concentra. Le sort de l’IUT était au bout de son pied. Enfin, il s’élança, tira, l’œuf s’éleva, passa par-dessus le « comité d’accueil », se dirigea vers le trident et la fleur d’écume, et les franchit. Aussitôt, les deux figures disparurent, et laissèrent la place à une colonne d’eau. Mission accomplie !

Cependant, Kamille s’était trop approchée du bâtiment U. Des SS avaient vu la manœuvre, et savaient donc qu’elle n’avait plus l’œuf ! Ils la capturèrent par surprise, et l’emmenèrent dans le bâtiment U !

***********

« C’est normal, cette colonne d’eau, Kamille ? » demanda Ramiro.

Comme aucune réponse ne venait, il se retourna, et constata les dégats. Comment faire ? Il entendit cogner à une fenêtre en bas du bâtiment. Ryan et Eugénie. La fenêtre était fermée et impossible à ouvrir… Ramiro sortit le ballon décoré de Ryan, et visa la fenêtre. Le ballon atteignit Eugénie au bras. Cette dernière se démédusa au même instant.

« Héhéhé…ça y est, j’ai accumulé assez de force pour tous les ratatiner ! Ramiro, redonne l’œuf à Kamille… enfin, quand je dis l’œuf…

Kamille a disparu, je crois qu’ils l’ont kidnappée.

Ah ? Hébeh ça va l’énerver, ça ! En tout cas, prends le ballon-œuf : il faut qu’ils croient qu’il est encore en notre possession, sinon…

Bon, ok… mais s’ils nous ont vus ?

Tu as le droit de t’entraîner au rugby, non ? Tu as trouvé marrant de lancer le ballon entre des poteaux originaux…

Ramiro reprit le ballon et se dirigea vers le bâtiment D. Eugénie leva les yeux vers le trou qu’elle avait fait… Non, ils ne pourraient pas passer par là, c’était beaucoup trop risqué, et Ryan ne passerait pas. Il fallait ouvrir la porte, tout simplement. Elle examina la serrure attentivement, sourit, et sortit de sa main une clé aquatique. Elle ouvrit la porte, inspecta le couloir, et sortit de la salle avec Ryan. Il fallait maintenant libérer Florent Roméro et tous ceux qui avaient pu être emprisonnés.

Pendant ce temps, les SS qui avaient capturé Kamille la menèrent tout en haut du bâtiment U, dans la même salle où Eugénie avait fait son coup d’éclat. En chemin, elle croisa d’autres SS qui encadraient Florent Roméro un peu mal en point. Les yeux de Kamille doublèrent de luminosité. Elle n’avait plus l’œuf, mais elle avait la rage. Elle aurait bien ratatiné toute cette clique tout de suite ! Ils la firent entrer. Barbie et Mengele l’accueillirent avec un sourire triomphal. Un énorme chien lui montrait les crocs. Elle regarda le chien, et cria « wouah !». Le chien fit un bond de 3m50 et se réfugia derrière une table.

« Tu n’as plus l’œuf, Kamille …

Non, mais c’est tout comme… Vous avez brutalisé Florent Roméro, je vais donc vous transformer en nourriture pour gougeons. »

Les yeux de Kamille avaient pris une étrange teinte, comme le soleil qui se reflète dans la mer. Dehors, la colonne d’eau s’épaississait à vue d’œil. Le vent soufflait, et ouvrit toutes les fenêtres de la salle. Kamille, avec un sourire enragé, saisit une chaise et s’attaqua aux deux nazis à la fois. Toutefois, ceux-ci ne se laissaient pas faire, et une bataille commença.

Eugénie avait trouvé Florent Roméro un peu amoché, mais pas trop. Il avait été reconduit dans la salle qui lui servait de cellule, à lui et à d’autres personnes qui s’étaient opposées aux nazis.

« Ça va ? demanda-t-elle. Suivez Ryan vers l’extérieur, tout va bien ! Ma sœur et moi, on contrôle la situation. »

Tandis que Ryan menait tout le monde dehors, Eugénie s’engagea dans les escaliers à la vitesse d’une déferlante. Elle croisa un chien qui descendait les escaliers aussi rapidement qu’il le pouvait.

Kamille avait beau être forte, à deux contre une elle était en difficulté. Elle avait été repoussée contre le mur, et déjà les deux autres se consultaient du regard pour savoir lequel des deux allait la tuer. Mais elle n’allait pas leur faciliter la tâche, ça non ! Elle devait encore tenter…c’était très risqué, ça allait l’affaiblir considérablement, mais elle en finirait avec eux de cette manière, c’était tout ce qu’ils méritaient. Elle cacha ses mains derrière son dos, bougea les doigts à toute vitesse, et ressortit deux éperon de rorqual qu’elle planta dans le ventre de chacun de ses ennemis. Dehors, la musique qui accompagnait le kraken retentit. Kamille écarta les doigts, et les éperons de rorqual devinrent des scies de poisson-scie. Mais elle faiblissait. Déjà, les deux nazis n’avaient plus l’air si mal en point ; ils avaient mis la main à leur flingot, et s’apprêtaient à supprimer Kamille, lorsque la porte tout au bout de la salle s’ouvrit en grand. Eugénie vit sa sœur en difficulté, et fut à ses côtés en moins d’un dixième de seconde. Elle posa ses mains sur celles de Kamille, ce qui eut pour effet de repousser les deux nazis. Les yeux des jumelles se croisèrent. Pas besoin de se parler, elles s’étaient comprises. Elles refermèrent leurs poings, et les armes aquatiques devinrent des nez d’espadons. Ensuite, elles firent comme si elles lançaient le marteau, et les deux nazis furent projetés à travers les fenêtres pour retomber dans l’eau.

La colonne d’eau avait laissé la place à Bielouchka, qui posa ses yeux verts flamboyants sur ce qui venait d’atterrir dans l’eau (disons amerrir, lol).

« Qu’est-ce que vous venez polluer mon domaine ? déclara-t-elle.

Les jumelles regardaient à la fenêtre, et Bielouchka leva les yeux vers elles, avant de prononcer le mot « szswm[6] ! ». Deux tentacules gigantesques s’élevèrent, s’emparèrent de Barbie et Mengele, et les entraînèrent directement vers l’estomac du kraken (la bestiole a fait la grimace, d’ailleurs, car cette viande n’est pas terrible… et ne parlons même pas de la cervelle ! beurk…). Les jumelles applaudirent. Deux autres tentacules se levèrent jusqu’à la fenêtre, Eugénie et Kamille montèrent dessus en évitant soigneusement les ventouses, et le kraken les déposa près de Bielouchka.

« Vous avez réveillé Nami’ah, leur dit cette dernière, pour libérer l’IUT et refermer la faille. Ce sera fait. Mais préparez vous à recevoir une vague comme personne n’en a jamais vue ici. Le mieux est d’évacuer tout le monde sur au moins 200 mètres.

Mais nous on veut se battre, protesta Kamille.

Mais tu n’as pas compris, rétorqua Eugénie, que nous avons déjà gagné ? Il ne reste plus qu’à laisse faire Nami’ah !

Eugénie a raison, Kamille, reprit Bielouchka. Juste une vaguelette de Nami’ah suffit, désormais. Céruléens des deux branches, Anthropouliens mais aussi Tératouliens vous félicitent pour votre courage et votre sang froid. Maintenant, accomplissez une dernière mission pour parachever la libération de l’IUT : faites évacuez les lieux sur 200 mètres. »

Les jumelles, après un petit coucou à tout le monde céruléen venu les aider, se dirigèrent vers le bâtiment D, montèrent sur la petite terrasse, et virent une énorme vague engloutir les bâtiments Z, U et T. Lorsque la vague se retira, c’était comme si rien ne s’était passé : la mer s’étendait au-delà du parking, calme. Plus aucun SS ne squattait l’IUT. Ryan et Ramiro se préparaient pour leur conférence. Ils avaient décidé de laisser le ballon tel qu’Anne-Cécile et Aurélie l’avaient décoré, comme souvenir de ce jour mémorable. Florent Roméro promit aux jumelles des boni importants sur leurs moyennes et un avis plus que favorable pour l’obtention du DUT. Les menaces de Kamille avaient tout de même porté leurs fruits, il n’avait pas été trop malmené. Quant aux autres années spéciales, même ceux qui ne les appréciaient pas, ils regarderaient désormais les deux Céruléennes d’un tout autre regard. Et surtout, l’IUT était enfin libérée !…

FIN


[1] « Ma sœur et moi, nous allons prendre l’œuf parce que nous savons ce que c’est, et nous allons vous libérer.

Mais c’est dangereux…

Nous aimons le danger… et nous voulons l’œuf… »

[2] Mot en Okéani, se prononçant approximativement « sougassa » et signifiant à peu près « j’appelle le Monde des Océans à l’aide ».

[3] Prononciation approximative : « Yéki nami a koda souboulita, akoutchissa v(i)lli », ce qui vent dire environ « Je sais où se trouve l’œuf de Nami’ah, et il sera très bientôt remis à la mer ».

[4] Elvaté akoussi akou atchi avatsé akt trlina saatchissoum rrrouk ! Formule magique qui permet à tout Céruléen Anthropoulien de « se méduser », c’est-à-dire de se transformer momentanément en statue pour accumuler beaucoup de force et de rapidité ; le dernier mot permet d’activer la formule.

[5] Les mots en espagnol sont adressés à Nami’ah : « Nous allons à la plage, ma Nami’ah : tout c’est bien passé. La libération est prête. »

[6] « Soum » : signifie à peu de chose près « à table ! »

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