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Onilatkovoïa Mora = La Mer des Rêves
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17 septembre 2009

Les Kabi.

Voici un rêve que j’ai fait au début de cette année.

Le soleil éclairait le chantier de fouilles, où les archéologues mettaient à jour peu à peu une ancienne cité étrusque. Je m’approchai pour dire bonjour à Jean, puis je les laissais travailler, décidant de me rendre au village tout proche.

Les villageois tiraient des mines d’ici à demain. Eh bah dis donc, ils ont l’air drôlement joyeux, ici… On se croirait en temps de guerre… Et puis ils sont habillés bizarrement, comme des paysans de la fin du XIXème siècle…

Je me dirigeai vers l’auberge, déposai mes affaires dans la chambre, et descendis dans la grande salle à manger, qui tenait lieu de bar du coin. Les très rares clients s’arrêtèrent de manger et de parler lorsque j’arrivai dans la pièce, et me suivirent des yeux, avant de reprendre leurs conversations à voix feutrée.

« Il faut les comprendre, me dit l’aubergiste, on n’a pas beaucoup de clients, par ici.

Et les archéologues ?

Ils ne rentrent ici que pour dormir, et tout le monde est déjà couché, à part moi.

Que se passe-t-il, ici ? Les gens ont l’air… Comment dire…

Morose ? Oui, c’est à cause des forces obscures, dans la montagne.

Des forces obscures ?

Avez-vous remarqué comme le brouillard ne se dissipe jamais ? Quelque chose veut rester caché, c’est sûr. Et tous ceux qui s’y sont aventurés, eh bien, ils ne sont jamais revenus.

On ne les a jamais revus, ajouta un des clients.

Comme ces deux soldats qui y ont été envoyés. Ils ne sont toujours pas rentrés.

Depuis quand sont-ils partis ? demandai-je.

Ça va bientôt faire cinq ans.

Ah oui quand même…

Je ne voudrais pas vous empêcher de dormir, mais ce village est maudit, car il est trop près de la montagne. »

Je finis de manger, puis allai dormir. Ma nuit fut calme : je rêvai d’un livre sur l’Italie que j’avais feuilleté chez mes grands-parents quand j’étais toute petite, sans rien comprendre car à l’époque je ne savais lire que les lettres en bâton…

Le lendemain matin, j’avais pris ma décision : aller dans la montagne. Je m’équipai (mon couteau suisse, une gourde remplie d’eau, quelques gâteaux aux céréales, une couverture et mon téléphone portable, le tout dans un sac-à-dos léger), et je partis. Un groupe d’intégristes me suivait du regard, et, je les entendis clairement dire « elle ne doit pas retrouver les statuettes, sinon cela détournera les villageois de La Religion. » Ah ? Des statuettes ? Voila que ça devenait intéressant… Cependant un prêtre vêtu d’une soutane façon début du 20ème siècle me bloqua la route.

« Savez-vous que vous allez dans le domaine du diable ?

La montagne ?

Prenez garde, et surtout priez.

Pourquoi donc ? »

Le prêtre baragouina quelque chose que je ne compris pas, et je poursuivis mon chemin dans la montagne.

Je marchais depuis quelques temps sur le chemin, laissant derrière moi les dernières maisons, quand un homme surgit d’un chemin. Il semblait épuisé, comme quelqu’un qui a marché pendant très longtemps sans se reposer. Une petite fille me bouscula et courut vers lui.

« Papa, papa !  »

Le père et la fille se serrèrent, et aussitôt l’homme se mit à pleurer. La mère de la fillette accourut, ainsi qu’une vieille femme, qui serra l’homme à son tour dans ses bras. C’était son fils, un des deux soldats qui avaient été envoyés dans la montagne ; mais il rentrait seul…

Je retournai au village, afin d’en apprendre davantage : je reprendrais mes explorations le lendemain. L’homme fut aussitôt mis à l’isolement, et ceux qui avaient eu le droit de le voir (un médecin, le maire et le prêtre intégriste) nous dirent qu’il s’était emmuré dans un mutisme absolu. Ils avaient même interdit à sa mère, sa femme et sa fille de l’approcher. Mais pourquoi ? Qu’avait-il bien pu voir, faire ou subir pendant ces cinq ans ? Où était celui qui était parti avec lui ? Je trouvai difficilement le sommeil cette nuit-là, la tête occupée par toutes ces interrogations ; mes rêves furent peuplés de tombes étrusques, de montagnes, et toujours du fameux livre sur l’Italie…

Je partis de bonne heure le lendemain, pour ne pas tomber sur l’un des habitants. Je suivis un petit sentier, qui me mena rapidement au cœur d’une forêt de mélèzes, puis les arbres se firent plus métissés et plus touffus, et enfin j’arrivai à une clairière jonchée de ruines. Je m’approchai : on aurait dit un ancien sanctuaire oublié, détruit par le temps, par un tremblement de terre, ou saccagé volontairement, je n’aurais pu le déterminer. Je photographiai l’endroit, et un éclat doré attira mon attention. Quelque chose était dissimulé par les herbes folles, à moitié caché par la terre. Après une photo, j’entrepris de dégager cette chose intrigante. Quelle ne fut pas ma surprise quand je m’aperçus qu’il s’agissait de deux statuettes d’une quarantaine de centimètre de haut en or pur ! C’est alors que je reçus un violent coup sur la tête, et quand je me réveillai, j’étais un peu plus loin, dans les fougères. Les statuettes avaient disparu, et deux archéologues se disputaient.

« Mais puisque je te dis que c’est ici ! Tout correspond : les relevés topographiques, toponymiques, le sanctuaire… Les statuettes sont ici, c’est sûr ! Si on met la main dessus, notre musée sera le plus important du monde ! Et on apportera enfin la preuve de l’existence de cette civilisation antérieure aux Etrusques dans ce coin du monde !

Non, tu t’es trompé d’endroit, c’est plus bas, regarde cette carte : une crête en forme de sabot de chèvre, d’en vois une, ici, toi ? C’est une clairière de haute montagne, or les statuettes se trouvent normalement, d’après ces documents, dans la vallée : il faudrait plutôt chercher au village. Viens ! »

Le deuxième l’emporta, et ils disparurent tous les deux de mon champ de vision, en direction du village. J’allais sortir de ma cachette, mais deux voix me retinrent. Un homme et une femme ne tardèrent pas à s’aventurer dans la clairière : ils paraissaient riches et vulgaires, et parlaient très fort : « les statuettes, d’après ce que l’on en sait, sont en or pur ! On les récupère, on les fond, et hop ! Le tour est joué ! » Un grognement inquiétant nous firent sursauter. « Qu’est-ce que c’est ? » hurlèrent l’homme et la femme. Le grognement retentit encore, provoquant la fuite des nouveaux arrivants. Je ramassai une pierre et un bâton, au cas où, mais je n’entendis plus rien. Je reposais mon regard sur le sanctuaire, et là je vis un homme d’un certain âge, portant une longue barbe blanche et de longs cheveux blancs, et tout vêtu de blanc, allongé au sol, à écouter la Terre. Soudain, il se leva, brandit un bâton, et un éclair aveuglant illumina la clairière. Lorsqu’il fut passé, le sanctuaire était de nouveau debout. L’homme, une lueur fanatique dans les yeux, murmurait des paroles que je ne comprenais pas : des incantations ? Intriguée, je m’approchai, et là il me vit.

« Avance donc jusque ici, toi que l’ignorance et la cupidité ont poussée jusque là ».

Je ne suis ni cupide, ni ignorante ! répliquai-je. Je suis exploratrice indépendante, et il ne faudrait pas me confondre avec les autres de tout à l’heure !

Certes, mais j’ai dit « avance ! ».

Je me sentis alors propulsée vers le sanctuaire désormais debout. Il était très simple, en pierre brute noire et gris foncé, avec devant une espèce de table en pierre blanche. Mes yeux se posèrent sur les inscriptions gravées dans la roche de la table, et sur deux encoches, destinées à recevoir les statuettes, me semblait-il.

« Puisque tu les regardais si intensément, tout à l’heure, prends donc les Kabi et rétablis-les où ils doivent se trouver ! » ordonna l’homme.

Je n’avais jamais entendu ce mot de « kabi », mais je sus immédiatement qu’il s’agissait des statuettes. Je me dirigeai vers le massif d’herbes dans lequel je les avais vues.

« Ah, mes Solaires, votre culte sera bientôt rétabli à sa juste place, vos valeurs seront de nouveau connues du monde entier ! » murmurait l’homme, dans état d’agitation illuminée.

Lorsque mes mains se posèrent sur les statuettes, je les ôtai aussitôt : « Aïe ! Ça brûle ! » m’exclamai-je. L’homme cessa aussitôt de murmurer, et me considéra longuement.

« Serait-ce possible que tu ne sois pas comme les autres, finalement ? Serait-ce possible que tes motivations soient différentes, et que tu puisses… Personne n’a encore ressenti la chaleur des Kabi… Porte-les sur l’autel, ils n te brûleront plus. »

En effet, je pus prendre les statuettes. On aurait dit qu’elles respiraient, on le sentait sous les doigts. Et je sus immédiatement que les Kabi ne devaient pas tomber entre de mauvaises mains, car leur puissance était telle que ça aurait pu provoquer d’immenses catastrophes…

Et là, je me suis réveillée, et j’attends toujours de rêver la suite ! Grrrrr !

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